09 janvier 2006

Pinardiers et politiques

Le Monde titrait l'autre jour surles producteurs de bordeaux protest[ant] contre des prix de vente trop bas. Les cours ont en effet baissé d’un tiers en deux ans, mais on partait d’un niveau abusivement élevé il y a quelques années. D’ailleurs, les viticulteurs ne s’en plaignaient pas a l’époque l’on peut se poser la question si cela n’a pas incite des consommateurs a se tourner vers d’autres vins, en particulier vers les vins du "nouveau monde" (Australie, Californie, Chili, etc.…)

La filière viticole française commence lentement, très lentement, à se rendre compte qu’après des efforts important sur la qualité il est grand temps de se pencher sur l’aspect commercialisation. Les vins français
souffrent en effet d’un morcellement des structures d’aide a l’export (Onivins, Sopexa, etc…) et d’un cruel manque de lisibilité avec des milliers d’appellations, des dizaines de cépages et de nombreuses classifications formant autant de strates non-homogènes : voir Portrait de la France du vin (L’Expansion).

D’un point de vue anecdotique, les étrangers a qui je parle (fréquemment) de vin ne comprennent pas pourquoi l’expérience est si variable lorsqu’ils achètent du vin français, et ont également du mal a appréhender sa complexité gustative. Pourquoi en effet, puis-je acheter un excellent cote du rhône a £7 et le lendemain un bordeaux générique qui sera médiocre? Ne sont-ils pas tous deux français? Et comment apprécier un graves avec le palais alors que la world cuisine est tout en nez et bouche, procure des plaisirs immédiats et sans apprentissage tout en se riant de la distinction que fait la cuisine traditionnelle française entre le sucré et le salé?

La concurrence est rude, beaucoup plus que l’on ne s’imagine en France. Doit on adopter la
trousse du petit chimiste des amerlauds (aromatisation aux copeaux de bois, additifs, etc…)? Doit on vendre du vin de cépage?

Je pencherai pour trois pistes:

  • création d’une marque de qualité aisément reconnaissable par des non francophones, par exemple INAO région, INAO prémium et INAO connaisseur. Ces mots sont peut êtres barbares mais peuvent être prononces a l’étranger

  • ces labels doivent impérativement refléter la qualité, et se baser sur des dégustations régulières

  • associer systématiquement le cépage a la région, par exemple graves et merlot, cabernet sauvignon, cabernet franc (dans le bon ordre!)

  • basculement total vers le tout biologique
Et pour finir, les viticulteurs doivent être en mesure de faire de la marge pour investir à l’export. On peut les inciter à se regrouper mais le vin reste une industrie de main d’œuvre. Or les impôts et taxes en France pénalisent lourdement la composante travail du coût de revient, d’où une forte substitution par le capital. C’est une ironie : les machines remplacent les ouvriers a cause d’un excès de règlementation et de taxes…

Pendant ce temps, le vin français continue de perdre des parts de marché à l’export… Il est grand temps que pinardiers et politiques agissent!

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