23 janvier 2002

Lettre ouverte à Wim (Duisenberg) sur les banques et l'€uro

Sent: 23 January 2002 16:37
To: wim@liberation.fr [e-mail de l'€-chroniqueur de Libération]
Subject: Même monnaie, mais toujours dans les poches des banques!


Cher Wim,


Depuis le 1er Janvier, la plupart des Européens ont la même monnaie (enfin presque, vu la curiosité engendrée par les pièces françaises lors d’une promenade le week-end dernier en Belgique) mais les banques semblent étrangement lentes à faciliter la vie des frontaliers et touristes.

Je lisais en effet dans Le Soir daté de Samedi-Dimanche dernier que les banques belges ont fermé d’office des comptes de frontaliers car « insuffisamment rentables ».

Le Monde rapportait récemment que les banques françaises sont parmi les moins chères d’Europe car elles ne facturent pas les chèques (ce qui est tout à fait erroné d’ailleurs, il suffit de se pencher sur les tarifs en vigueur aux Pays-Bas et Grande-Bretagne pour voir qu’ils n’utilisent pas de chèques comme la majorité des autres pays européens, que les virements sont gratuits tout comme les cartes de crédits…) mais par contre que le simple fait d’accepter un virement en Euros de l’étranger vers la France est extrêmement onéreux. Les banques se défendent en avançant que les incompatibilités entre les systèmes informatiques rendent les petits virements coûteux à traiter. A l’heure d’Euronext et de l’internet, est-ce au con-sommateur (jamais aussi bien nommé) de payer pour l’imprévoyance des financiers à mettre en place des chambres de compensation électroniques pan-européennes ?

Même réflexion pour les cartes bancaires : comment continuer à justifier une taxe sur chaque opération à l’étranger, maintenant que les risques de change ont disparu ?

Dans ce contexte, on ne s’étonnera pas qu’il est bien difficile de faire jouer la concurrence entre les assureurs ou pour un crédit immobilier. Les premiers freinent de tous fers les polices pour les non-résidents (essayez donc de faire assurer une voiture pour un an a Londres par Axa…) et les autres recourent à des stratagèmes souvent peu avouables tels que la vente liée, pourtant interdite par un règlement européen. En Grande-Bretagne, où les emprunts immobiliers sont presque toujours domiciliés dans un autre établissement que le comptes courants, le coût du crédit est très inférieur par rapport au « continent », malgré des taux directeurs supérieurs : cherchez l’erreur !

En conclusion, l’Euro sert pour l’heure à gonfler les profits des banques mais profite bien peu à l’Euroconsommateur.


Ludovic Windsor
Londres